L’année 2016 aura donc été celle de la consécration pour le Chilien Alejandro Aravena. A 48 ans, l’architecte reçoit de la part de la Fondation Hyatt, le très prestigieux prix Pritzker. Par ailleurs, il a également été choisi pour être le commissaire de la prochaine Biennale de Venise. Alexandro Aravena devient ainsi le premier architecte Chilien à recevoir le prix Pritzker, une distinction qui vient récompenser un travail qui prend en compte les défis du XXIème siècle et dont la portée sociale est très forte
L’ARCHITECTURE SOCIALE PAR ALEJANDRO ARAVENA
En attribuant le prix Pritzker à Alejandro Aravena, la Fondation Hyatt a mis à l’honneur un nouveau genre d’architecture. Avec son agence Elemental fondée en 2001, l’architecte Chilien a décidé de ne pas construire des maisons de rêve pour une poignée de privilégiés, mais plutôt de construire des logements pour les populations les plus défavorisées. Pour lutter contre le regroupement des classes populaires et pour déconstruire le système des favelas si courant en Amérique latine, Alejandro Aravena a imaginé de nouveaux modes de construction afin de reloger les populations les plus en difficulté. Son idée est de repenser et de reconstruire les quartiers difficiles souvent insalubres où se concentrent les problèmes sociaux.
LE CONCEPT DES DEMI-LOGEMENTS
Construire une maison coûte chère. Or, en voulant travailler avec les plus pauvres, Alejandro Aravena se complique la tâche car ses clients n’ont pas les moyens de faire construire leur maison. Pour pallier à cette difficulté, l’architecte de 48 ans a eu l’idée de construire des demi-maisons. Cette initiative a démarré en 2003. Le gouvernement chilien décide alors de lancer un vaste programme de construction de logements sociaux. La somme allouée pour chaque maison est de 7 500 dollars. Un montant dérisoire qui devait couvrir l’achat du terrain et la construction de la maison. En partant de cette somme, Alejandro Aravena constate qu’il n’a de quoi faire que la moitié d’une maison.
Une fois ce constat établi, il décide de proposer aux habitants des demi-maisons. Ainsi, avec ses équipes, il réalise les pièces les plus difficiles à construire dans un habitat. La salle de bain, la cuisine et les murs mitoyens. C’est ensuite aux habitants de s’occuper des finitions et d’ajouter les pièces supplémentaires nécessaires en fonction de leurs besoins. Cette démarche permet aux Chiliens les plus pauvres de bénéficier de maisons dont les fondations sont solides et dont les pièces les plus complexes sont réalisées par des ingénieurs. C’est ensuite à eux de terminer le travail.
LA LUTTE CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Architecte engagé sur la question des inégalités sociales, Alejandro Aravena est également un écologiste. La problématique du réchauffement climatique est un enjeu auquel le nouveau détenteur du prix Pritzker se confronte régulièrement. Dans un pays où les températures sont élevées, il a pointé du doigt les hautes tours de verre qui ne sont pas adaptées à ces conditions climatiques et qui se comportent comme d’immenses serres, obligeant ainsi les occupants à activer les climatiseurs et donc à consommer énormément d’énergie.
Lorsque ses services sont sollicités pour la construction de bâtiments modernes, l’architecte préfère miser sur le béton pour mettre sur pied des bâtiments qui ne retiendront pas le soleil et à l’intérieur desquels il fera bon vivre.
L’architecte Chilien sera convié le 4 avril prochain au siège des Nations-Unies, à New York, pour recevoir officiellement le prix Pritzker.
