Il ne fut ni ministre, ni roi, et encore moins empereur, et pourtant l’Histoire a retenu son nom. Georges Eugène Haussmann a laissé son empreinte sur la ville de Paris, et son nom est entré à la postérité. Aujourd’hui encore, la ville Lumière se développe sur les bases des grands travaux entreprit par celui qui fut nommé préfet de la Seine par Napoléon III. Ses chantiers ont complètement transformé Paris mais surtout l’ont fait entrer dans la modernité.
QUI ÉTAIT GEORGES EUGÈNE HAUSSMANN ?
Parler de Georges Eugène Haussman, c’est évoquer un style architectural, les immeubles haussmanniens, c’est aussi le nom d’un boulevard qui traverse le 8ème et le 9ème arrondissement de la capitale. Mais qui est l’homme qui a façonné Paris au point que son nom en fasse partie intégrante ?
Georges Eugène Haussmann est né le 27 mars 1809, au cœur de Paris, et plus précisément au 53, rue du Faubourg-du-Roule. Issu d’une grande famille protestante, son père était le commissaire des guerres et intendant militaire de Napoléon Bonaparte. Il suivit une scolarité exemplaire avec l’élite française de l’époque, et démarra sa carrière comme Secrétaire Général de la préfecture de la Vienne en 1831. Au fil des ans, Georges Haussmann se fit un nom et enchaîna les nominations. Intègre, sachant mener à bien les missions qui lui étaient confiées et très intelligent, il ne tarda pas à se faire remarquer et à gagner en célébrité.
FAIRE ENTRER PARIS DANS LA MODERNITÉ
Lorsqu’il arrive au pouvoir suite à un coup d’Etat, Louis Napoléon Bonaparte voit Paris comme une ville moyenâgeuse qui doit être démolie et reconstruite. Le nouvel Empereur qui a vécu à Londres est très influencé par le style anglais. Il apprécie les grands espaces verts au cœur de la capitale britannique et veut faire installer à Paris un système d’assainissement moderne calqué sur le modèle anglais.
Lorsque les travaux débutent, en 1852, il y a urgence, car Paris est une ville où la circulation est très difficile. La capitale est un enchevêtrement de petites ruelles mal éclairées et étroites. A cela s’ajoute un accroissement démographique très important qui entraîne une surpopulation des logements parisiens. Les personnes qui vivent au cœur de Paris sont de plus en plus pauvres et de véritables problèmes d’insalubrité et d’hygiène se font sentir. Cette concentration d’une population indigente, fait fuir les ménages aisés qui s’installent au Nord et à l’Ouest de la capitale. Enfin, la paupérisation et la fin de la mixité sociale sont autant d’éléments favorables aux soulèvements populaires.
Afin d’éviter une nouvelle révolution, mais aussi parce qu’il est sensible aux problèmes sociaux, Napoléon III décide de mener une politique de grands travaux qui vise à faire entrer Paris dans la modernité.
Pour les réaliser, l’empereur a besoin d’un homme aux épaules solides. Napoléon III porte son choix sur Georges Haussmann et le nomme préfet de la Seine, en juin 1853. La mission de ce dernier est de faciliter le flux des personnes et des marchandises dans Paris. Il doit rendre la ville plus propre en améliorant le réseau d’assainissement.
COMMENT SE SONT DÉROULÉS LES TRAVAUX ?
Pour construire ce nouveau Paris moderne, le préfet de la Seine commence par l’expropriation des propriétaires dont les terrains se trouvent sur les zones de reconstruction. Puis, démarre l’étape de la démolition qui raye de la carte certains immeubles et perce des rues entières pour faire passer de nouvelles avenues. Les terrains sont ensuite vendus à des promoteurs chargés de construire de nouveaux immeubles avec un cahier des charges très stricte. Les nouvelles constructions devaient répondre à tous les critères de confort et de modernité de l’époque.
LA CRÉATION DE GRANDS AXES
Pour faciliter la circulation, Haussmann veut de très grands axes d’une largeur de 20 à 30 mètres. Une petite révolution pour l’époque, alors que Paris n’était formé que de petites ruelles. De nouveaux boulevards voient le jour, c’est notamment le cas du boulevard Richard-Lenoir, d’autres sont simplement élargis. Le préfet de la Seine lance la construction de douze avenues dans l’ouest parisien qui se rejoignent toutes place de l’Etoile.
LA CRÉATION DE GRANDES PLACES
Conséquence directe de ces nouveaux axes, la création de grandes places devient nécessaire. Certaines doivent être entièrement construites, quand d’autres sont simplement réaménagées. Parmi les places qui datent du second empire se trouvent la place de la République, la place de l’Etoile, la place de l’Hôtel-de-Ville, la place de l’Alma, la place Courcelles, etc…
LA CRÉATION D’ESPACES VERTS
Pour rendre Paris plus respirable, et pour faire plaisir à l’empereur, de nombreux espaces verts sont construits. Le bois de Boulogne et celui de Vincennes voient le jour. A l’intérieur de Paris, le parc des Buttes-Chaumont, le parc Montsouris ou le parc Monceau sont construits pour permettre aux parisiens de venir s’y balader.
LES DIVERSES CONSTRUCTIONS DU PRÉFET HAUSSMANN
Outre les grands axes et les jardins, Haussmann s’occupe de différents travaux. Il fait notamment construire la gare de Lyon et rénove plusieurs ponts sur la Seine ainsi que quelques églises dont Saint-Augustin et Trinité.
L’ARCHITECTURE HAUSSMANNIENNE
Après avoir fait détruire de nombreux immeubles insalubres, Georges Haussmann décide d’imposer un cahier des charges très précis en direction des promoteurs chargés de la construction des nouveaux édifices. Tous les immeubles doivent se ressembler, Haussmann veut une cohérence architecturale et opte pour l’esthétique du rationnel.
La façade des immeubles doit répondre à certains impératifs, il faut des lignes horizontales fortes, les balcons et les corniches doivent être alignés. Toujours sur la façade, le préfet veut des pierres de grandes tailles, sous formes d’immenses blocs. L’immeuble haussmannien typique est composé d’un rez-de-chaussée avec des murs dit à brossage, les étages supérieurs sont dotés de balcons, tout en haut se trouvent les combles inclinés à 45 degrés.